Recension : Le père de famille, livre du Père Jean-Dominique O.P.
L’autorité paternelle est la première autorité à laquelle le petit d’homme est confronté. Selon l’attitude du père, il apprendra à l’aimer, à la détester ou à l’ignorer. La paternité est donc déterminante dans la façon dont les futurs adultes percevront l’autorité et en particulier celle de la société politique, l’autorité du roi cet autre père.
Assurément la tragédie du temps présent est la perte de l’autorité. De temps à autres les médias se font l’écho de ce constat à l’occasion d’une révolte de banlieue ou après l’agression d’un professeur.
Mais la fièvre retombée, on oublie très vite les signaux d’alarme pour reprendre en chœur le credo des idéologies égalitaristes : « autorité = inégalité = injustice ». Nombreuses sont les personnalités politiques ou du spectacle qui font de l’esprit de révolte contre l’autorité, un espoir sinon une vertu.
Tout pouvoir n’émanant pas des urnes devient oppression ; même le pouvoir des élus est détesté car l’élection leur confère une supériorité sur les autres électeurs. La démocratie les pare d’un ersatz d’autorité et c’est encore trop : le pouvoir est trop visible, trop humain, trop personnel.
On s’oriente donc insensiblement vers une société où « le gouvernement des hommes est remplacé par l’administration des choses » selon le vœu célèbre de Saint-Simon, le prophète du socialisme. L’autorité des États se dilue, se désincarne, se dépersonnalise dans le système totalitaro-administratif de Bruxelles.
En bannissant l’autorité, les hommes se réifient, se chosifient, se désagrègent, se détruisent inexorablement car ils renoncent précisément à tout ce qui fait leur grandeur, leur dignité, leur humanité.
C’est dans cette ambiance délétère que quelques voix pleines d’espérance s’élèvent pour défendre l’autorité, et nous avons eu le bonheur de recueillir l’une d’elles : celle du père dominicain Jean-Dominique dans son petit livre, Le père de famille, paru aux Éditions du Saint Nom.
En bon prêcheur l’auteur commence par rappeler qu’après les commandements relatifs à Dieu, le commandement “tu honoreras ton père et ta mère” est le premier des commandements ayant trait à la société. Ce commandement s’adresse premièrement aux pères eux-mêmes qui doivent honorer en eux la figure de la paternité divine, la faire aimer par l’exemple de leur vie, leur présence, leur bonté, leurs vertus.
Figure du Père Éternel, le père charnel l’est dans la pro-création ; il est aussi une manière de source, de principe, par l’éducation qu’il donne à ses enfants dans ce sens qu’eux-mêmes la transmettront à leur tour pour des générations.
Extraordinaire responsabilité donc que celle du chef de famille qui a pour mission de conduire ses descendants à l’état d’ « adultes qui vivent en présence de Dieu » ! !
Le père est l’autorité du foyer, celui qui fait grandir : auctoritas à la même racine que augere (augmenter, faire croître). « l’autorité est ... le pouvoir de lier la volonté de ses subordonnés, pour les faire servir avec stabilité le bien commun et ce faisant, leur faire atteindre leur plein épanouissement ».
La bonne éducation doit beaucoup au regard du père sur le travail. Ce dernier ne doit pas prendre le pas sur la vie de famille (les enfants penseraient qu’il faut tout sacrifier au travail) mais il s’agit d’imprimer l’exemple du travail bien fait. Par là, le père montre que la vocation de tout être humain est de “payer de sa personne” pour le bien commun de la Cité.
On mesure alors toutes les difficultés de nombreux pères dans une société capitaliste où le produit est plus important que le travailleur, dans une économie libérale qui génère chômage pour les uns et travail harassant auquel il faut tout aliéner pour les autres. Avec l’égoïsme libéral et son esprit de jouissance, n’a-t-on pas là une explication de l’origine de beaucoup d’abdications des pères dans l’éducation de leurs enfants.
Le père Jean-Dominique développe encore d’autres aspects et fonctions du père comme celui de chef religieux de la famille ; il précise aussi la magnifique mission de l’épouse, évidemment inséparable de celle du mari dans l’éducation.
L’exemple de la Sainte Famille montre bien que l’autorité n’est pas forcément détenue par le plus saint ni par le plus intelligent : Jésus et Sainte Marie se sont soumis à une autorité, celle de Saint Joseph (qu’ils n’ont pas choisie) en laquelle ils ont honoré l’image de Dieu le Père.
Au début du livre, l’auteur cite le sociologue Frédéric Le Play avec lequel il constate que la décadence d’une nation s’accompagne toujours d’une décroissance de l’autorité paternelle.
En France, le savant montre que ces attaques contre l’autorité paternelle remontent à la Révolution. On peut en effet mesurer de nos jours le chemin parcouru et l’étendue du désastre.
Alors, en bons royalistes que nous voudrions être, si nous désirons vraiment reconstruire notre pays, commençons chez nous par nous efforcer de donner une bonne image du père en réformant notre vie. Là, nous ferons aimer l’autorité, non seulement celle du père, mais à travers elle, celle du roi et celle de Dieu.
Ce petit livre nous y aidera grâce aux mille exemples concrets, détails qui “font mal” et conseils prodigués, le tout dans le style fluide, toujours vivant et optimiste du Père Jean-Dominique.
In-dis-pen-sa-ble !
Le père de famille,
Père Jean-Dominique,
Éditions du Saint Nom,
14 rue des Frères Cordeliers
33490 SAINT MACAIRE